Y'a quelque chose de nouveau dans sa vie
Un soir, comme tous les soirs, après etre descendue du bus à l'arret
et avoir descendu ma rue a pied, j'arrive devant ma maison, qui, était
visible de très loin.
Ma maison est décorée. Elle a un joli panneau
qui formerait un nez, pile entre deux fenetres de l'étage. "A VENDRE"
signale le panneau. Orange radioactif sur de la couleur brique, ça ne
peut etre loupé.
Du coup on se tape des coups de sonnette à 21h "qui
est le propriétaire ? Pourquoi vous vendez ? Et y'a combien de pièces
?..." J'en passe et des meilleures.
Des cartons s'empilent dans l'entrée, je jette avec bonheur des vieux 20ANS, Girls!, Jeune&Jolie, je retrouve des vieux écrits de moi datant du collège. La nostalgie.
Je
regarde mes murs, le dos de Mathilde sur l'affiche "Un long Dimanche de
Fiançailles", le pont de Brooklyn fait avec des milliers de petites
photos de New York. Je leur souris, on a tellement vécu de choses ici.
Les soirées entre copines dès le collège où à 14 ans, j'étais la seule
culottée pour siffler les mecs dans la rue, et ensuite Anne Laure et
Florine, les beautés de la bande se penchaient a la fenetre pour
regarder la "marchandise" que j'avais attrapé, Sandra leur soufflant des répliques cinglantes qui donnaient prétexte à dragouiller. ça a duré trois ans.
Trois étés de pur bonheur, a se parler de tout et de rien, à faire
fondre des bougies en écoutant les Red Hot Chili Peppers, nos 4 matelas
par terre dans ma chambre, à papoter de notre petit monde collégien qui
s'enfuyait en courant, pour faire place au grand méchant lycée.
Tous
les coups de fils, les coups de larmes, les coups de rires, les coups
de danse, les coups de folie que j'ai vécu dans cette petite pièce. Ma
vie, pendant 4 ans. Maintenant elle est encombrée. Mes 40 livres de
prépa au sol, les 5 anthologies au pied du lit, les cartons qui
jonchent le sol.
Et je pense a ma nouvelle chambre. L'opposée de
celle que j'ai actuellement. Plus petite, plus basse, plus lumineuse,
je vois passer le bus et le soleil se couche derrière la tour Abbatiale.
Mais
fini les allées et venues des lycéens qui vont et viennent du lycée au
fond de ma rue. Finis les rendez vous noctures sur le pont avec Elvire
a faire des bilans azimutés de notre classe, finis le doux ronron des
voitures qui projettent leurs phares sur le plafond comme une veilleuse
urbaine qui m'aide a m'endormir.
Elle va me manquer, cette chambrette...
Mais
voila, l'autre est presque prete, la relève arrive et cette fois ci je
peux choisir la couleur des murs. Je les veux d'un gris presque parme
(est ce que ça existe ou ça se voit seulement salle 106 pendant mes
heures de cours ?)